25.4.07

Há 33 anos, a revolução dos cravos...

En fait, le 25 avril commençait le 24 au soir. Pendant que Tiago et qqs amis regardaient le match Milan-Manchester, nous avons dînés (Paolo, Alice et moi) dans une tasca à Alcântara. Le match et le dîner finis, nous nous mettons en route, direction Oeiras (vers Cascais) dans la Lada de Tiago. Nous allons écouter un collègue, Filipe, chanter des fados de Coimbra et autres chansons d’un artiste plutôt important: José (dit Zeca) Afonso, l’auteur de Grândola, vila morena.
Il pleut. Quelques gouttes, pas bien méchantes. Nous avons beaucoup de retard, mais le concert en a plus que nous et quand nous arrivons, il doit encore commencer. C’est en plein air. Nous nous installons au premier rang, encapuchonnés. Il y a deux chanteurs, un joueur de “viola” (guitare portugaise à douze cordes) et un joueur de guitare classique à six cordes. Et un groupe d’Espagnols en vacances. Pour nos amis espagnols, la présentation du concert est traduite en castillan et un vidéo-projecteur reproduit le début de chaque chanson, ce qui simplifie de beaucoup la compréhension. Le groupe n’est pas très au point, mais les chansons sont belles. Le concert, logiquement, se termine avec Grândola, vila morena.
Nous reprenons les voitures pour rejoindre la Praça do Carmo, symbole de la révolution puisque c’est là que la dictature tomba. En chemin, nous voyons éclore quelques bouquets de feux d’artifice, il est minuit. La place est petite. Elle est, bien sûre, bourrée de monde et de stands. Nous arrivons un peu tard pour les chansons révolutionnaires. Sur la scène, ce sont des Brésiliennes qui chantent... Impossible de trouver une bière, signe que la fête bat son plein depuis un petit moment. Nous nous rabattons sur la sangria, mais quand c’est au tour des rapeurs portugais de monter sur la scène, nous prenons la fuite, direction Rua da Rosa 261, le bar Agito où nous finissons un samedi sur deux et parfois en semaine, quand Vitor fait le DJ...Il s’est mis à pleuvoir plus fort, ouf, nous arrivons. A l’intérieur l’ambiance est bonne et nous nous réchauffons vite. Rituel immuable du bar: un peu avant la fermeture, à 2 heures, il y a le moment de la musique nationale. En général, c’est un bon moment: les gens se mettent chanter à pleine voix.
Hier, 25 avril oblige, la dernière chanson fût bien évidemment Grândola, vila morena. J’essaye de suivre: Grândola, vila morena / Terra da fraternidade / O povo é que mais ordena...et après?...j’connais pas les paroles...vergonha! Heureusement, les autres ça fait entre 20 et 33 ans qu’ils la chantent et le petit bar s’emplit de toutes leurs voix. Il pleut toujours plus fort. On est maintenant une dizaine et bouger un groupe de ce genre prend du temps. On passe d’un bar à un autre, mais ils sont plein, dehors il pleut...on tourne un petit moment avant de ramener nos carcasses mouillées à la maison. RDV le lendemain à 14h30 ao Marquês de Pombal.


Le lendemain, il y a du vent, nuages et soleil vont et viennent toute la matinée et puis finalement, c’est le soleil qui gagne. Quand on arrive au sommet de l’avenida da Libertade, on aperçoit un groupe déjà en marche, les autres groupes s’organisent. Il y a le rouge des œillets, le rouge des banderoles, des tee-shirts, des jupes, des kilts même!....On rencontre pas mal de têtes connues, des collègues, leurs amis...Ça y est le reste du cortège se met en marche pendant que, de chaque côté de l’avenue, les gens se regroupent pour les regarder passer, les œillets et les poings sont brandis et les slogans répétés quasiment sans interruption:





25 de Abril sempre!
Fascismo nunca mais!


Abril está na rua!
A luta continua!

Para continuar Abril,
somos muitos muitos mil!


O povo unido jamais será vencido!


Impossible de voir la fin du cortège, nous commençons à descendre nous aussi l’avenue pour voir les différents groupes. Ce sont les jeunesses communistes qui crient le plus fort et le plus convaincu. Ça fait chaud au cœur.


Il y a un moment difficile car le vent se lève juste quand on passe en dessous des platanes (?) qui se mettent à déverser sur nous leurs fruits velus dont les poils nous rentrent dans les yeux, dans le nez...Les éternuements et les quintes de toux remplacent les slogans jusqu’à Restauradores.
Là, du piedestal de l’obélisque, nous regardons passer le cortège. Les premiers sont déjà arrivés à Praça do Rossio et l’avenue est noire de monde jusqu’en haut, à Marquês de Pombal. Moi ça m’impressionne, mais les collègues disent qu’il n’y a personne, cette année...bon, moi c’est la première fois. Je veux bien les croire. Après avoir vu passer pas mal de groupes et comme on connaît déjà les slogans, on décide d’aller jusqu’à Praça do Rossio. Sur la scène, un chant révolutionnaire cubain. Entre chaque chanson:

25 de Abril sempre!
Fascismo nunca mais!






On a le droit à quelques autres chansons engagées et, bien sûr quand c’est au tour de Grândola, vila morena, toute la place se met à chanter, l’œillet ou le poing levé. C’est dans des moments comme ceux-ci qu’on se met à croire que tout n’est pas perdu....


C’est l’heure des discours, un paquet de représentants des différents cortèges du défilé montent sur scène sous les applaudissements ou les huées (la représentante socialiste)...

On retrouve qqs amis dispersés dans la foule et on décide d’aller boire une ginja pour fêter ça: quoi de plus approprié que cette liqueur rouge?!

Malheureusement, beaucoup d’autres manifestants ont eu la même idée et nous renonçons bien vite. Certains, comme nous, n’ont pas mangé à midi, alors on se déplace vers le kébab le plus proche. Puis, nous rejoignons un autre groupe attablé à la terrasse d’un petit bar pour des cafés, des imperiais et qqs caracois. On parle d’une autre manifestation à 18h00, contre le fascisme, le capitalisme et le racisme...
Et en effet, au bout d’un moment, les voilà qui déboulent avec un groupe d’anarchistes tout de noir vêtus à leur tête. Ils crient tout ce qu’ils peuvent:

O povo unido não precisa dum partido!
(le peuple uni n’a pas besoin du parti)

Santa Comba Dão é a terra do cabrão!
(Santa Comba Dão est la terre du bouc, le bouc (cocu) étant Salazar et Santa Comba Dão sa ville natale)

Les rares policiers sont complètement débordés. Certains amis de Tiago les suivent, tandis que nous nous dirigeons vers le Crew Hassan (prononcer “croissant”) pour une dernière bière avant de déclarer, vers 20h00, close cette journée de commémoration.

A la télé, on apprend qu’il y aurait eu des affrontements dans le Chiado et que 11 des anarchistes ont été arrêtés. En effet, les images montrent la police bien décidée à mettre un terme à la manifestation...Tant qu’il s’agit de suivre un parcours bien délimité et approuvé par les autorités, tout va bien, mais gare à ceux qui crient quand il ne faut pas et où il ne faut pas...

REVOLUÇÃO!!

traduzione in italiano di cicciobomba

Nenhum comentário: